Rungis : faire aimer les fleurs produites en France aux consommateurs
En France, le marché des fleurs coupées fait face à des défis environnementaux sans précédent. Alors qu’il est impossible de couvrir les besoins de ce marché en comptant uniquement sur la production « made in France », les opérateurs s’attellent toutefois à la valoriser davantage. Et lorsqu’il s’agit d’import, il faut aujourd’hui composer avec une demande de transparence de la part des consommateurs, ce qui explique l’essor des labels.
85 % des fleurs coupées vendues en France proviennent de l’étranger
C’est un fait : la grande majorité des fleurs coupées vendues en France sont importées. On parle aujourd’hui de 80 % à 85 % de fleurs coupées, au premier rang desquelles la rose, dont il se vend plus de 20 millions de bouquets par an. A ce propos, le directeur développement à la Sica-Marché aux fleurs d’Hyères explique : « Ces provenances multiples sont une nécessité sur le marché. En revanche, il faut donner au consommateur la possibilité de faire un choix éclairé quand il vient en boutique : d’où viennent les fleurs, dans quelles conditions elles sont produites, etc. ». Les fleuristes ont donc un rôle à jouer à ce niveau, notamment en expliquant aux consommateurs les origines des articles qu’ils vendent. Pour ce faire, il suffit d’indiquer le pays d’origine de la fleur en boutique.
L’enjeu aujourd’hui est de rassurer le consommateur, mais aussi, et surtout, de mettre en valeur les fleurs françaises. Parce qu’il s’agit d’un produit saisonnier, il est impossible de produire des fleurs toute l’année en France, ce qui explique l’importation massive. Cela dit, de nombreux opérateurs s’inscrivent désormais dans une démarche RSE, qui a vocation à mettre en avant l’offre locale en la matière, pour augmenter progressivement la part de fleurs coupées produites en France dans l’offre globale des magasins. Cela ne se fera pas du jour au lendemain, la filière française nécessitant une réorganisation car elle est principalement composée de petits producteurs, qui n’ont pas les moyens de répondre à la demande des fleuristes.
Faire aimer les fleurs françaises aux consommateurs
C’est le vœu de Stéphane Layani, président du MIN de Rungis : « Nous devons apprendre au consommateur à aimer la pivoine, le narcisse, la renoncule, toutes ces fleurs que l’on sait produire en France », explique-t-il. Concrètement, il faut agir en nouant des partenariats avec les petits producteurs français au niveau régional, de sorte à les faire entrer dans les catalogues des magasins. Parce qu’ils travaillent souvent hors des circuits traditionnels, ces petits producteurs ont tout à gagner en se faisant référencer comme fournisseurs par les grands opérateurs du domaine. Dès lors qu’elles sont plus visibles en magasin, les fleurs françaises auront plus de chances d’être achetées par les consommateurs.
La balle est donc entre les mains du consommateur, car il ne faut pas oublier que si la fleur française est plus rare, elle est aussi plus chère. Le consommateur doit donc faire un choix : acceptera-t-il de payer sa fleur plus chère ? Seul le marché le dira.