Cancel culture : son arrivée à la Villa Médicis
Après être apparue aux Etats-Unis, la cancel culture touche de plein fouet la France. Ce mouvement, qui s’est fortement démocratisé avec les réseaux sociaux comme le souligne Nicolas Bianciotto, impacte tous les secteurs, y compris l’art, la culture et le patrimoine. La culture de l’annulation a-t-elle sa place dans ces domaines ? Eléments de réponse.
Qu’est-ce que la cancel culture ?
La cancel culture, ou la culture de l’annulation, représente un appel au boycott d’une personne suite à des actes ou des propos problématiques. Elle s’applique aussi bien pour des opinions sexistes, raciste ou encore visant des personnes LGBT.
Si à l’origine, l’objectif de la cancel culture était d’ouvrir le débat autour de discriminations et de lever le voile sur des sujets tabou, la pratique a fortement dévié notamment sur les réseaux sociaux. Ces médias se caractérisent en effet par leur viralité qui conduit la personne visée par la cancel culture à être « call out ».
Des tapisseries exposées à la Villa Médicis victimes de la cancel culture
La Villa Médicis a récemment été touchée par la cancel culture. L’objet incriminé : des tapisseries des Indes qui ornent le Grand Salon.
Les protestataires pointent du doigt « l’imaginaire coloniale » qui marquerait ces tapisseries. La presse s’est emparée du sujet tandis que les pensionnaires hébergés demandent ni plus ni moins qu’elles soient décrochées. Le contexte prend ici une tournure de censure, moralisatrice et culpabilisatrice. Pourtant, la colonisation fait partie de l’histoire. Marie-Cécile Zinsou, la présidence du Conseil d’Administration de la Villa Médicis, ainsi que Rima Abdul-Malak, la conseillère culture de la Présidence de la République, font front en se rapportant à une allocation d’Emmanuel Macron qui stipulait que « la République n’effacera aucune trace ni aucun nom de son histoire. Elle n’oubliera aucune de ses œuvres. Elle ne déboulonnera pas de statues ».