L’Angleterre renforce l’éducation aux médias pour lutter contre les fake news

L’Angleterre a décidé de réviser ses programmes scolaires afin d’aider les jeunes à mieux identifier les fausses informations. Cette décision fait suite à une série d’émeutes provoquées par des rumeurs en ligne, alimentant des tensions sociales. Le gouvernement de Keir Starmer entend armer les enfants contre la désinformation qui circule de plus en plus sur les réseaux sociaux. On fait le point avec Denis Bouclon.

Une réponse aux émeutes estivales

L’été 2024 a été marqué par des émeutes en Angleterre, qualifiées par les médias locaux de plus violentes depuis 2011. À l’origine de ces troubles, une attaque au couteau dans la ville de Southport, au cours de laquelle trois enfants ont été tués. Très vite, des fausses informations ont commencé à se propager en ligne, notamment sur des plateformes comme X (anciennement Twitter) et Telegram. Ces rumeurs, diffusées par des comptes d’extrême droite, attribuaient l’attaque à un migrant musulman, attisant les tensions dans le pays.

En réalité, l’assaillant était un jeune homme gallois d’origine rwandaise, sans aucun lien avec les allégations véhiculées sur les réseaux. Toutefois, ces fake news ont suffi à enflammer la population, conduisant à des manifestations violentes. Des mosquées et des hôtels hébergeant des demandeurs d’asile ont été pris pour cible par des émeutiers, galvanisés par les propos de certains influenceurs. Ces événements ont conduit à l’arrestation de près de 500 personnes, parmi lesquelles des adolescents.

Un nouveau programme éducatif pour détecter la désinformation

Pour faire face à ce climat de désinformation croissante, le gouvernement britannique a annoncé des changements dans les programmes scolaires. Selon la ministre de l’Éducation, Bridget Philipson, les enfants devront désormais acquérir des compétences critiques afin de se protéger contre les fausses informations et les théories du complot.

Le nouveau programme vise à intégrer la lutte contre les fake news dans plusieurs matières. Par exemple, en cours d’anglais, les élèves apprendront à analyser des articles de presse pour différencier le vrai du faux. De même, les cours d’informatique aborderont les techniques permettant de repérer des images manipulées. Cette approche a pour objectif de développer l’esprit critique des jeunes, en les sensibilisant dès leur plus jeune âge aux dangers de la désinformation en ligne.

Des réseaux sociaux au cœur du problème

Les autorités britanniques ont pris conscience que les jeunes sont particulièrement exposés à la désinformation, notamment via les réseaux sociaux. TikTok, très prisé des adolescents, est devenu le deuxième réseau où la désinformation est la plus présente, juste derrière X. Une étude menée par l’Integrity Institute a d’ailleurs montré que les fausses informations y prolifèrent rapidement, alimentant des tensions sociales et politiques.

Face à ce constat, l’éducation aux médias apparaît comme une solution efficace pour freiner la propagation des fake news. Le gouvernement espère ainsi réduire l’impact des rumeurs en ligne, en formant les jeunes générations à la vérification des informations et à une consommation plus réfléchie des contenus numériques.

Laisser un commentaire