Burkina Faso : le conflit pose un réel défi d’accès à l’eau aux populations déplacées

Le conflit armé qui sévit au Burkina Faso depuis 2018 a causé le déplacement de plus d’un million de personnes du nord et de l’est du pays. Fuyant les combats, ces populations se retrouvent aujourd’hui face à une autre menace : la difficulté d’accès à l’eau potable, avec les risques qu’on connait, notamment les maladies dangereuses pour les enfants en bas âge.

Une situation extrêmement tendue

Le cas d’Aïssé Ouedraogo est très représentatif de la situation qui sévit au Burkina Faso concernant l’accès à l’eau potable. Ayant fui le village de Boulékessi suite aux attaques meurtrières de 2019, cette femme doit aujourd’hui se rendre à un point d’eau situé à plusieurs kilomètres de chez elle, dès quatre heures du matin. Elle y reste généralement six heures, pour repartir avec dix bidons de vingt litres d’eau propre. A ce propos, Aïssé déclare : « je ne peux prendre que ça. L’eau n’est pas suffisante dans la région et si j’en prends plus, il n’y en aura pas pour les autres ».

Aïssé n’est pas la seule femme à vivre ce calvaire quotidien, elles sont en effet plusieurs à attendre leur tour au point d’eau de Gorom Gorom chaque jour, pour espérer repartir avec un peu d’eau potable. Malheureusement, il n’y en a pas pour tout le monde. Aïssé explique : « Si on n’arrive pas à trouver d’eau, on est obligé de l’acheter et le bidon coûte 100 francs CFA (0,15 euro), ce qui est beaucoup pour nous. Parfois nous n’avons pas le choix et c’est très difficile ».

Grande pression sur les faibles ressources en eau

De l’avis de Life ONG, la pression exercée sur les faibles ressources en eau de la région du Sahel du Burkina Faso est énorme. La raison ? L’arrivée de plus de 350 000 personnes déplacées à cause du conflit armé. Cela représente plus d’un tiers de la population totale de la région. Aujourd’hui, on dénombre près de 628 000 personnes qui ont besoin d’aide pour accéder à l’eau, l’assainissement et l’hygiène. Il est vrai que l’accès à l’eau devient un peu moins difficile en juin, qui coïncide avec la saison des pluies, mais cette eau peut malheureusement être source d’infections parasitaires et de maladies hydriques, entre autres. Heureusement, les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) ont construit un nouveau forage dans la ville de Gorom Gorom, sur un site qui regroupe plus de 20 000 personnes déplacées.

Par ailleurs, MSF a également reçu plus de 1 200 enfants de moins de 5 ans atteints de diarrhée, dans les centres de santé de Dori et de Gorom Gorom. Dans un effort de prévention, MSF fournit un appui technique et du personnel médical à l’hôpital de district et à d’autres centres de santé, en plus de distribuer des kits d’hygiène aux déplacés. A ce propos, le chef de mission MSF, Youssouf Aly Dembélé a déclaré que « l’accès à l’eau et aux services de base pour les populations déplacées et les populations autochtones dans la région Sahel, et dans de nombreuses régions du Burkina Faso, est un véritable défi. Une présence plus grande des organisations humanitaires est nécessaire pour répondre aux besoins médicaux et humanitaires croissants ‘une population fortement affectée par le conflit ».

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