Les PME réévaluent leurs stratégies d’endettement bancaire

Finies les années fastes de l’endettement chez les PME ! Après deux ans particulièrement prospères, les sollicitations de financements à durée moyenne et prolongée reculent. En cause : une évolution des besoins financiers des PME, orientés principalement vers le court terme. Décryptage !

L’évolution du financement bancaire pour les PME

D’emblée, signalons que pour réaliser leurs ambitions de développement, les PME ne s’appuient pas uniquement sur les mesures de relance gouvernementales. Cela dit, ce qui est plutôt inédit en ce moment, c’est que même en bonne santé financière, les possibilités de financement bancaire sont en contraction. C’est en tout cas ce que note François Asselin, président de la Confédération des PME.

Du côté du groupe BPCE, on insiste sur l’absence de changement dans la volonté d’accompagnement des entreprises. « Notre analyse pour accorder ou refuser un financement à une PME est la même qu’hier », déclarent unanimement Jérôme Lamotte, directeur du marché des Entreprises et des Ingénieries de Banque Populaire, et Frédéric Cormerois, directeur des marchés Entreprises, Economie Sociale et Institutionnels de Caisse d’Epargne. Ils ajoutent toutefois qu’ils constatent « un peu moins de demandes que les années précédentes ».

Les entreprises ont beaucoup investi après le Covid

En 2021 et 2022, le niveau d’investissement dans les machines, le parc roulant, les travaux, l’immobilier, et les rachats de fonds de commerce était particulièrement élevé : les entreprises, dans l’effervescence post-Covid, ont massivement investi. La Banque Populaire a ainsi noté une hausse de 14 % des prêts pour les personnes morales à but lucratif – c’est-à-dire les entreprises, commerçants, et artisans -, représentant 25 milliards d’euros en 2022.

Depuis le début de l’année 2023, les niveaux semblent « assez stables », précisent les banquiers. Mais la véritable mutation est le manque de clarté concernant les projections futures. Les fluctuations économiques actuelles, entraînant une trésorerie plus conséquente et un potentiel rétrécissement des marges dû à l’escalade des coûts des matières premières et de l’énergie, pourraient conduire les chefs d’entreprise à différer certains investissements.

Pour sa part, Jérôme Lamotte s’interroge sur la fréquence modeste des dossiers de financement de transition environnementale, un secteur pourtant en besoin crucial d’investissements. « C’est en accélération, mais très inférieur à nos attentes. Les dirigeants ont pris conscience du sujet mais ils veulent s’assurer d’un retour sur investissement », confie-t-il.

Capital et financement à court terme

De l’avis de Rivalis, les besoins de financement bancaire qui émergent aujourd’hui sont principalement axés sur les fonds nécessaires à la gestion quotidienne de l’entreprise, ou le BFR (Besoin en Fonds de Roulement) dans le jargon financier. Frédéric Cormerois précise : « L’augmentation des besoins de court terme est une tendance nette à laquelle les banques répondent sans difficulté par les outils habituels, qui vont du découvert à l’affacturage, en passant par les financements du poste clients ou des stocks ».

Toutefois, comme le souligne cet expert, la dette et le financement bancaire ont leurs limites. « Si on veut accélérer, si on veut avoir plus d’ETI en France, il y a peut-être un sujet d’ouverture du capital », soutient Jérôme Lamotte. En tout cas, c’est un aspect sur lequel les chefs d’entreprise doivent impérativement se pencher.

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