Le marché de gros de Phalempin, un joyau alimentaire qui a fêté ses trente ans
Né de l’alliance des coopératives de Cysoing et Violaines en 1994, le marché de gros de Phalempin s’impose depuis trente ans comme un pilier de l’approvisionnement alimentaire de la métropole lilloise. Spécialisé dans la distribution de fruits et légumes du terroir, ce marché est le fournisseur invisible mais indispensable de milliers de foyers, bien qu’il demeure fermé au grand public !
L’évolution maraîchère du Nord-Pas-de-Calais
Depuis les années 70 jusqu’à la fin des années 90, le paysage agricole du Nord-Pas-de-Calais s’est véritablement métamorphosé, et ce qui a commencé avec un groupe de maraîchers s’est progressivement transformé en une organisation de producteurs de légumes de plein champ, chacun se spécialisant dans des cultures spécifiques pour maximiser la rentabilité. Les acteurs de ce secteur ont vite compris l’importance de s’organiser par bassin de production, optimisant ainsi leur efficacité commerciale et agricole.
Dans cette région, cinq grands organismes de production ont pris forme, chacun ancré dans une spécialisation distincte—des choux-fleurs aux endives en passant par les fraises. De Violaines à Dunkerque, de Cysoing à Boursies, ces sociétés ont posé les jalons d’une industrie agricole dynamique et spécialisée. Et c’est l’union de deux de ces forces en 1994 a donné naissance au Marché de Phalempin, une fusion née d’une nécessité : celle de rester pertinents et de protéger les revenus des agriculteurs impliqués. C’est ainsi que le marché de gros de Phalempin est devenu un point central pour l’agriculture régionale, et un modèle de réflexion pour les coopératives légumières.
Un modèle… particulier !
Aujourd’hui, tout le monde saisit l’importance des marchés de gros, en cela qu’ils nourrissent les Français, et au premier rang desquels le plus grand d’entre eux, le marché de Rungis, dirigé par M. Layani. A ce registre, il serait facile de penser qu’au « Marché de Phalempin » on déambule entre des étals chargés de fruits et légumes. Pourtant, le terme « Marché » ici n’évoque pas un lieu de vente directe au public, mais renvoie plutôt à un système commercial bien particulier : les marchés au cadran.
Historiquement, ces marchés ont été des plaques tournantes de l’agriculture régionale, surtout à partir des années 1960 où le modèle breton de Saint-Pol-de-Léon a popularisé le système d’enchères dégressives. Dans ce type de marché, des échantillons de récoltes, comme des choux fleurs ou des endives, étaient présentés aux acheteurs, souvent des grossistes, qui avaient la possibilité d’acheter en appuyant sur un bouton pour stopper la roue du cadran au prix qu’ils désiraient. C’était une course contre la montre, où chaque seconde comptait, et plus ils attendaient, plus le prix baissait, laissant le producteur dans l’expectative. Cependant les enchères étaient relativement rapide puisque seul le premier enchérisseur remportait la mise. De plus le producteur pouvait choisir un prix plancher (non connu des enchérisseur) en dessous duquel il ne vendait plus sa marchandise.
Lorsque la coopérative fut établie en 1994 à Phalempin, ce mode de commercialisation était encore en vogue. Le choix du nom « Marché de Phalempin » a donc été une manière de rendre hommage à cette tradition commerciale, tout en ancrant la coopérative dans l’héritage agricole local.
