Prix des pommes de terre : où s’arrêtera l’augmentation ?

Avez-vous remarqué que le prix de la pomme de terre grimpe en flèche ? Depuis l’été dernier, le coût du kilo de pommes de terre atteint des sommets historiques. Mais qu’est-ce qui explique hausse vertigineuse ? Principal accusé : une récolte 2022 qualifiée de « catastrophique »… Il faut dire que la sécheresse a frappé dur, entraînant des stocks de pomme de terre au plus bas. Le point sur le sujet avec Altho !

Le prix de la pomme de terre franchit un cap historique

Avis aux passionnés de gastronomie et observateurs de l’économie : le prix de la pomme de terre a atteint des sommets inédits, franchissant la barrière symbolique des deux euros le kilo ! En juillet dernier, le prix de la pomme de terre de conservation a en effet dépassé les deux euros le kilo, un record qui n’a pas fléchi depuis. Selon les données de l’Insee, le prix moyen au détail était de 2,09 € en septembre 2023, en hausse notable par rapport au 1,70 € le kilo de septembre 2022.

Il faut savoir que cette augmentation ne se limite pas aux pommes de terre elles-mêmes, les produits à base de pomme de terre subissant aussi cette hausse. Prenons l’exemple des frites : selon le Comité Interprofessionnel de la Pomme de Terre (CINPT), leur prix a grimpé de 30 % entre août 2022 et août 2023. Les pommes de terre au four et autres dérivés n’échappent pas à cette tendance, avec une hausse de 27 %.

Entre récoltes catastrophiques et augmentation des coûts

Commençons par la récolte de 2022… Geoffroy d’Evry, président de l’Union Nationale des Producteurs de Pommes de Terre (UNPT), ne mâche pas ses mots : « Elle a été catastrophique, on n’avait jamais connu des rendements aussi mauvais ». En effet, la canicule et la sécheresse ont sérieusement impacté les plants de pommes de terre, entraînant des stocks au plus bas.

Mais ce n’est pas tout, Geoffroy d’Evry souligne également « l’explosion des coûts de production depuis la guerre en Ukraine, et une demande sur le marché intérieur et à l’export qui continue d’augmenter ». Un mélange de facteurs qui pousse inexorablement les prix vers le haut… Face à cette situation, le responsable de l’UNPT rappelle une réalité économique : « il n’y a pas de barre symbolique, la pomme de terre répond tout simplement à la loi de l’offre et de la demande ». Et il ajoute avec une pointe de perspective : « elle reste très abordable. Quel autre produit frais peut nourrir une famille de quatre personnes à ce prix ? C’est une marchandise qui a surtout été longtemps sous-payée ».

Récolte 2023, un rayon d’espoir pour le prix de la pomme de terre ?

La récolte de cette année, en cours jusqu’à la fin d’octobre, s’annonce pour le moins prometteuse. Démarrée en juin avec les primeurs, elle devrait afficher un rendement nettement meilleur que celui de l’an passé, estimé à 43,6 tonnes par hectare contre 39 tonnes en 2022, se rapprochant ainsi de la moyenne quinquennale.

Mais peut-on espérer une réduction des prix ? Une stabilisation semble plus probable, selon Geoffroy d’Evry, qui évoque les défis du secteur : « C’est une culture contraignante, risquée, qui demande des capitaux importants. Il nous faut maintenir des coûts de vente pour rentabiliser la production. Les producteurs ne peuvent pas les baisser, il faudrait déjà pour cela qu’ils arrivent à dégager des marges convenables ». Geoffroy d’Evry pointe également du doigt la grande distribution, soulignant que son rôle est central : « c’est à elle de consentir des efforts ». Il détaille la répartition du prix d’un kilo de pommes de terre : 20 % pour le producteur, 50 % pour le distributeur, 20 % pour les négociants et le reste en taxes. Il avertit : « Si la grande distribution ne joue pas le jeu, les agriculteurs se détourneront du marché intérieur, et les consommateurs seront perdants ». Actuellement, environ la moitié de la production de pommes de terre est exportée.

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