Rungis, nouvel horizon pour les agneaux prés-salés du Mont-Saint-Michel ?

Dans la Manche, le marché de Rungis pourrait bien devenir le sauveur de l’AOP agneaux prés-salés du Mont-Saint-Michel. Actuellement, seulement neuf éleveurs se consacrent à cette production d’exception. La Région et la Chambre d’agriculture de Normandie voient en Rungis une plateforme idéale pour booster cette filière.

Retour au printemps 2010 : c’est l’époque où ces agneaux ont commencé à être vendus sous l’AOC « Prés-Salés du Mont-Saint-Michel », avant de décrocher le prestigieux label AOP. Francis Adam, un des pionniers de cette aventure, se souvient du combat : « On a mis 18 ans pour l’obtenir ! » Mais aujourd’hui, malgré la fierté, il reste pragmatique : « On l’a… mais on n’est pas assez nombreux. Il faudrait le double », confie l’éleveur de 74 ans. Rungis pourrait-il être la clé pour élargir l’horizon de ces éleveurs et faire rayonner davantage cette appellation unique ? Mais d’abord, qu’est-ce qu’une AOP ?

C’est quoi une AOP, au juste ?

Vous vous demandez ce qu’est une AOP ? La Fevao nous éclaire : c’est la garantie pour le consommateur que le produit qu’il achète a été réalisé, de A à Z, selon un savoir-faire reconnu et dans une zone géographique bien définie qui confère des caractéristiques uniques au produit. Alors que l’AOC protège un produit uniquement sur le territoire français, l’AOP est son grand frère européen, assurant la protection du nom du produit à travers tous les pays de l’Union européenne. Et en France, la viande n’est pas en reste avec onze filières qui bénéficient de ce label : volailles de Bresse, bœuf de Charolles, jambon noir de Bigorre… ces produits sont tous protégés et reconnus pour leur qualité exceptionnelle.

Au total, ce sont plus de 700 producteurs qui se mobilisent pour produire 4 500 tonnes de ces produits AOP chaque année. Un gage de qualité et de tradition qui traverse les frontières !

La « nécessaire protection » des viandes françaises AOP

Depuis 2019, la Fevao s’engage à « protéger un patrimoine national, contribuer au développement rural et territorial et fixer la valeur ajoutée ». C’est toute la « notion de terroir » qui est au cœur des appellations d’origine, une vraie signature du goût et de la tradition. Prenons l’exemple de l’AOP Prés salés de la Baie de Somme, qui couvre des agneaux de diverses races pures ou en croisement. Ces animaux, élevés dans un cadre idyllique, doivent avoir pâturé au moins 75 jours en baie et être nourris sans OGM ni ensilage, de quoi ravir le Président de Rungis, fervent défenseur du bien manger, des bons produits et des terroirs français. A l’abattage, ils présentent une viande rosée, juteuse et riche en arômes, qui reste tendre et savoureuse même après cuisson, grâce à une alimentation et un élevage méticuleux.

Cette AOP, qui s’étend sur l’ouest de la Somme et le sud-ouest du Pas-de-Calais, implique une petite communauté composée de onze exploitations, un abattoir, des grossistes et des boucheries-restaurants, produisant quarante tonnes de produits par an. Mais malgré cette qualité indéniable, les filières AOP ressentent le poids de la crise. Avec une concurrence offrant des prix inférieurs pour des produits de moindre qualité, les temps d’inflation poussent les consommateurs à délaisser ces joyaux de notre gastronomie. Un véritable défi pour ces protecteurs du terroir français qui luttent pour maintenir la tradition et la qualité face à la pression économique.

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