Locataire parti à la cloche de bois : l’impasse kafkaïenne des propriétaires

Clés non restituées, biens laissés sur place, loyer impayé… et silence radio. Voilà le cocktail explosif auquel Mélanie, propriétaire dans la Loire, se retrouve confrontée. Sa locataire a disparu sans prévenir, la laissant juridiquement bloquée, matériellement entravée et financièrement étranglée. Et pour récupérer son bien ? Un parcours semé d’obstacles… Les dessous de l’affaire avec Directe Location !

Une disparition, des conséquences très concrètes

Mélanie n’a rien vu venir. Sa locataire, partie sans prévenir, a gardé les clés, laissé des affaires dans l’appartement, cessé de payer son loyer et n’a donné aucun congé officiel. Le cas typique d’un départ « à la cloche de bois », comme on dit pudiquement pour désigner ce qui n’est rien d’autre qu’un abandon déguisé. Les voisins évoquent un déménagement dans le Nord, confirmé par la CAF, mais juridiquement, Mélanie est face à un mur : sans remise des clés, sans congé, sans résiliation formelle, impossible de relouer.

Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, un logement vide d’occupant ne signifie pas qu’il est libre de droits. Tant que la justice n’a pas tranché, le bail court, le locataire reste juridiquement « présent », et le propriétaire se retrouve pieds et poings liés.

Une procédure encadrée, lente et lourde

Impossible donc pour Mélanie de reprendre possession de son bien sur simple constat. La loi impose une procédure stricte, et elle varie selon le type de location. Dans le cas d’une location vide, la première étape consiste à faire intervenir un commissaire de justice (anciennement huissier) qui adressera au locataire une mise en demeure de prouver qu’il occupe toujours les lieux. Sans réponse dans le mois, ce même commissaire pourra pénétrer dans le logement — mais pas seul… il lui faudra être accompagné d’un élu local et d’un représentant des forces de l’ordre. Objectif : dresser un procès-verbal d’abandon et un inventaire des biens laissés sur place.

Si la location est meublée, la procédure diffère : le propriétaire doit directement saisir le juge pour résilier le bail pour impayés et demander une expulsion. Dans tous les cas, aucune solution rapide ni automatique n’est possible.

Quand l’Etat exige la procédure… puis la ralentit

Même après le constat d’abandon, la suite n’est pas immédiate, car il faut encore saisir le juge des contentieux de la protection. Si celui-ci estime que la demande est fondée, il rend une ordonnance constatant la résiliation du bail et autorisant la reprise du logement. Encore faut-il que cette décision soit ensuite signifiée au locataire, qui peut la contester dans un délai d’un mois. En cas de contestation, une audience est organisée. Et si le tribunal considère que la demande du bailleur était abusive, ce dernier peut même être condamné à une amende pouvant grimper jusqu’à 10 000 euros.

Autant dire que le parcours est un casse-tête administratif, chronophage, coûteux et émotionnellement épuisant. Tout cela pour reprendre un bien déserté, dont on doit continuer de payer les charges… tout en n’encaissant aucun loyer.

Relouer ? Oui, mais pas tout de suite

Ce que Mélanie — et des milliers de propriétaires dans son cas — découvre, c’est qu’il ne suffit pas qu’un logement soit vide pour pouvoir le proposer à nouveau à la location. Tant que la procédure n’est pas menée à terme, le bien est juridiquement « occupé ». Et relouer sans autorisation du juge serait une prise de risque juridique majeure. La réalité, c’est qu’un simple abandon devient un piège fiscal, locatif et juridique. Et ce n’est qu’une fois l’ordonnance définitive obtenue, et à condition qu’aucune contestation ne prolonge l’affaire, que le commissaire de justice pourra dresser un procès-verbal de reprise. Dernier verrou à faire sauter pour relouer… des mois après le départ effectif du locataire.

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