Les écoles en zone de guerre, un combat pour l’avenir

Quand les bombes pleuvent, les écoles en payent le prix ! C’est une triste réalité des conflits modernes : ces lieux d’apprentissage, de sécurité et d’espoir sont souvent transformés en cibles ou en bases militaires. Dans ce chaos, une question brûlante se pose : que fait le droit international pour protéger ces sanctuaires du savoir ? Éléments de réponse avec Denis Bouclon.

Une protection juridique qui vacille

Soyons clairs, le droit international humanitaire (DIH) offre une protection aux biens civils, et donc aux écoles. Mais cette protection est loin d’être à toute épreuve. Les Conventions de Genève et leurs Protocoles additionnels, bien qu’ils établissent des principes généraux, ne prévoient rien de spécifique pour les écoles. En gros, elles sont protégées… jusqu’à ce qu’elles deviennent stratégiquement intéressantes pour un camp ou un autre. Dès lors, fini le statut de bien civil. La loi du plus fort reprend ses droits.

Un exemple ? Si une école est utilisée pour stocker des armes ou abriter des combattants, elle devient une cible légitime selon les règles actuelles. Autrement dit, les élèves et enseignants passent au second plan face à des calculs militaires. Difficile d’accepter cela quand on sait que ces lieux devraient être synonymes de sécurité et d’avenir.

Quand l’école devient un champ de bataille

Sans surprise, les conséquences de cette situation sont désastreuses. Des élèves et des enseignants sont tués ou blessés, parfois dans les murs mêmes de leur établissement. Et pour ceux qui survivent, c’est souvent avec des cicatrices, visibles ou invisibles. Imaginez un enfant qui associe son école à des explosions et des pertes humaines. Quel impact sur son avenir ? Sur celui de sa communauté ?

Dans des pays comme le Yémen ou la Syrie, les chiffres donnent le vertige : des milliers d’écoles détruites ou réquisitionnées, des millions d’enfants privés d’éducation. Et quand l’école ferme, c’est toute une génération qui vacille. Pas de diplôme, pas de qualifications. Résultat ? Le cercle vicieux de la pauvreté et de l’instabilité se referme un peu plus.

Prenons le Yémen : selon l’UNICEF, 3,7 millions d’enfants n’ont pas pu retourner à l’école en 2020. Et le pire, c’est que ce chiffre n’est qu’un symptôme d’un problème bien plus large. Quand l’éducation s’arrête, les droits de l’enfant s’effondrent : exploitation, recrutement dans des groupes armés, mariages précoces… Voilà le triste bilan.

Des efforts… mais insuffisants

Heureusement, tout n’est pas noir. En 2015, la Déclaration sur la sécurité dans les écoles a été adoptée. Une bonne idée sur le papier : protéger les écoles et empêcher leur utilisation militaire. Mais voilà, cette déclaration n’a aucune force contraignante. Elle repose sur la bonne volonté des États, ce qui, on le sait, est parfois un vœu pieux.

Aujourd’hui, 111 pays ont signé cette déclaration. Parmi eux, des États encore englués dans des conflits, comme l’Afghanistan ou le Mali. C’est un début, mais cela reste insuffisant face à l’ampleur du problème. Les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies sur la protection des enfants dans les conflits armés vont dans le bon sens, mais là encore, sans mécanisme contraignant, elles peinent à changer la donne.

Pourquoi protéger les écoles, c’est protéger l’avenir

L’éducation, c’est bien plus qu’un droit, c’est une arme pour reconstruire. Une école, c’est un lieu où se forgent les esprits capables de relever les défis de demain. C’est un outil pour briser le cycle de la violence et poser les bases d’une paix durable. En renforçant la protection des écoles, on protège non seulement les enfants, mais aussi l’avenir des sociétés touchées par la guerre. Car soyons honnêtes : un pays qui sacrifie l’éducation sacrifie sa reconstruction.

Certains experts, comme Gregory Bart, proposent de traiter les écoles comme des hôpitaux : des biens intouchables, quoi qu’il arrive. Ce serait une avancée majeure, mais pour l’instant, ces idées restent à l’état de projets. En attendant, les attaques contre les écoles continuent, et avec elles, les rêves brisés de millions d’enfants.

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