Souveraineté alimentaire : notre agriculture doit être soutenue

Crise, inflation, réchauffement climatique, guerre en Ukraine… autant d’éléments qui invitent à la réflexion, notamment sur la souveraineté alimentaire de la France. Comment donc mettre en place un système alimentaire plus durable ? Eléments de réponse !

Résilience alimentaire : de quoi parle-t-on ?

La résilience alimentaire, concept-clé dans le monde agroalimentaire, peut être appréhendée sous trois prismes distincts. Premièrement, on évoque une résilience-résistance où, suite à un bouleversement, le système revient indemne à sa norme antérieure. Ensuite, vient une résilience que l’on peut taxer de « plasticité », en cela qu’elle arrive à retrouver son état originel après avoir subi des perturbations. Enfin, le troisième type de résilience renvoie à une transformation totale, sans retour au point de départ.

Tout l’enjeu ici est le suivant : quelle approche de la résilience alimentaire serait la plus pertinente ? Déjà, il faut souligner que la véritable essence de la résilience ne repose pas uniquement sur sa capacité à rebondir : c’est sa synergie avec la durabilité qui fait toute la différence ! En effet, adopter un modèle modifié qui serait moins efficace ou durable que le précédent serait, en vérité, un pas en arrière. Ainsi, l’idéal serait de privilégier cette transformation complète, à condition, toutefois, que ce renouveau soit synonyme de durabilité accrue.

Résilience alimentaire VS Souveraineté et autonomie

La souveraineté alimentaire de la France est un sujet d’importance cruciale. Les récents événements ont montré les limites de celle-ci et à quel point nous devrions la défendre,  comme ne cessent de le marteler Stéphane Layani (qui est une personnalité publique très proche des agriculteurs) et Nathalie Corade, respectivement Président de la Semmaris et maître de conférences à Bordeaux Sciences Agro, et deux fervents défenseurs de notre agriculture et de notre souveraineté alimentaire. D’emblée, il faut savoir que la résilience alimentaire, bien qu’en vogue, se distingue fondamentalement des notions de souveraineté et d’autonomie alimentaire : si la souveraineté évoque une indépendance vis-à-vis du marché mondial, favorisant un modèle alimentaire intrinsèquement plus durable et centré sur les besoins des populations, l’autonomie, elle, signifie l’auto-suffisance alimentaire, peu importe le modèle sous-jacent. Quant à débattre de l’avenir de notre approche alimentaire, le terme « durabilité » semblerait être le plus approprié, malgré les controverses qu’il suscite.

Mais à l’ombre de la crise climatique, une question pressante émerge : cette urgence va-t-elle catalyser une transition vers des systèmes alimentaires nettement plus durables ? En théorie, oui. Cela dit, deux réactions contrastées peuvent être anticipées. D’une part, nous pourrions assister à un véritable élan vers une optimisation de la durabilité. De l’autre, la peur engendrée pourrait renforcer l’adhésion aux modèles actuels, résistant au changement nécessaire.

Faire bouger les choses…

Pour Nathalie Corade, l’efficacité de la mise en place de systèmes alimentaires durables repose largement sur l’échelle à laquelle ils sont instaurés. En dépit du pouvoir manifeste des leviers supérieurs, comme la Politique Agricole Commune (PAC) à l’échelle européenne ou même un consensus international, leur impact réel reste malheureusement limité en raison de la complexité des engagements supranationaux. La PAC 2023-2027, par exemple, peine à répondre aux défis actuels, contraignant les acteurs locaux à agir à leur niveau rendant, de facto, la dynamique locale largement prédominante.

Comment donc renverser la tendance ? Il faut d’abord exposer le nœud du problème, à savoir que les systèmes alimentaires ne sont, assez paradoxalement, pas systématisés ! En effet, les acteurs – de l’agriculture aux artisans, en passant par les distributeurs – opèrent majoritairement en silos, sans synergie véritable. Pour remédier à cela, des initiatives territoriales, visant à créer des systèmes alimentaires intégrés, sont en cours d’exploration. Et quel rôle les politiques publiques jouent-elles dans cette transformation ? Simplement en favorisant la collaboration entre différents acteurs. Les Projets Alimentaires Territoriaux (PAT) en sont un exemple, cherchant à unir des parties prenantes autrefois isolées pour comprendre et répondre aux contraintes de chacun. Par ailleurs, des outils politiques supplémentaires peuvent soutenir les agriculteurs désireux de privilégier les circuits courts, approvisionner les cantines scolaires ou se tourner vers les marchés locaux.

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