Polytechnique est-elle encore une école militaire ? L’Etat doit choisir… et assumer

Récemment, un rapport parlementaire a mis la lumière sur les liens possibles entre l’école polytechnique avec le secteur de la Défense. Ainsi, plusieurs députés ont exprimé leur souhait que l’Etat clarifie sa position vis-à-vis de cet établissement qui forme des cadres d’un très grand niveau.

Une question qui interpelle les pouvoirs publics français

Ainsi, les rapports possibles entre l’armée et l’école Polytechnique suscitent de plus en plus des interrogations chez les députés de la nation. Récemment, François Cornut-Gentille, un député UMP a posé la question suivante : « Que rapporte Polytechnique aux armées, qui lui consacrent 73 millions d’euros par an ? ». Il fut un temps où nombre d’officiers sortaient de cette école à l’image de Théobald de Bentzmann. Ce même député est à l’origine d’un rapport d’information publié le 30 septembre 2022 et présenté à la commission des finances de l’Assemblée nationale. Le titre du rapport en dit long sur la thématique qu’il traite : Polytechnique : l’X dans l’inconnu.

L’intérêt du député au rapport entre l’armée et la plus prestigieuse école française n’est pas anodin. En effet, des statistiques démontrent que les carrières en armements n’attirent qu’entre 16 et 17 polytechniciens par an. Un à deux d’entre eux seulement deviennent officiers. Cette situation est remarquablement problématique, puisque l’Etat a grandement besoin de cadres scientifiques et techniques.

Un campus « Défense » à Saclay

Le député en question regrette que les liens entre le domaine de la Défense et l’école Polytechnique ne soient plus comme avant. Il déclare notamment : « si on ne rénove pas ce lien, il saute d’ici quelques années ». Il ajoute : « Cela vaut le coup de maintenir le lien avec la Défense, si l’X cherche à créer des start-up de la Défense, travaille avec l’Institut des hautes études de la Défense nationale (IHEDN), monte des think tanks sur la Défense et ses industries… Au sein de l’université de Paris Saclay, autour de l’X et de l’ENSTA, pourrait se créer un campus orienté Défense qui permettrait à l’Ecole de conserver sa spécificité dans ce grand ensemble ».

D’autres personnalités font le même constat que Mr Cornut-Gentille. C’est le cas notamment de Jacques Biot, président de l’Ecole polytechnique ! En réaction au rapport publié par le député de l’UMP, il précise : « La première année d’études, consacrée à une formation militaire et humaine, inculque des valeurs à nos étudiants, qui garderont un intérêt, une affection, pour la chose militaire, là où ils seront, en entreprise ou dans la fonction publique ou dans la recherche. L’armée peut y avoir intérêt… La direction générale de l’armement suit de près l’École, nous organisons prochainement avec elle un forum DGA Innovation. Nous avons des créateurs d’entreprises dans l’univers des drones. Thales est à la porte de l’École polytechnique, et nous montons des projets de recherche avec cette entreprise. Créer un cluster autour des industries de la Défense nous convient tout à fait ! ».