La stabilité de la part des passoires thermiques sur le marché persiste malgré les premières interdictions

Contrairement aux inquiétudes des professionnels du secteur, la part de logements considérés comme des passoires énergétiques est restée relativement constante l’année dernière, à l’exception de Paris.

Ventes de logements classés comme passoires thermiques : des craintes infondées ?

L’année 2023 marque le début de l’interdiction des passoires thermiques sur le marché locatif, un calendrier s’étalant jusqu’en 2034. À partir du 1er janvier, les logements classés G+ sont désormais interdits à la location, dans le cadre d’un plan visant à établir un seuil de consommation au-delà duquel les logements ne sont plus considérés comme décents, incitant ainsi les propriétaires à effectuer des travaux. Cette mesure concerne près de 1,6 million de logements privés actuellement loués. Après les G+, les biens de classe G seront interdits à la location à partir du 1er janvier 2025, suivis par ceux de classe F le 1er janvier 2028, et enfin les biens de classe E le 1er janvier 2034.

Les professionnels de l’immobilier craignaient que de nombreux biens de ces catégories ne soient mis en vente l’année dernière. Cependant, selon le président de Guy Hoquet, Stéphane Fritz, cette crainte s’est avérée infondée. Il a déclaré au Journal du dimanche : « Il y avait une certaine alarme en réaction aux interdictions de location, mais seul un nombre limité de biens est concerné ». En effet, on estime qu’il y a entre 140 000 et 190 000 logements classés G+ dans le pays. Dans l’ensemble, l’offre de biens de classe F et G n’a donc que légèrement évolué sur le marché en 2022, avec de légères baisses à Perpignan, Montauban, Montpellier, Tours, et des baisses plus significatives à Poitiers, Le Mans, Caen, Limoges, Metz, Besançon et surtout Strasbourg (-4,26 points).

Des travaux pas encore effectués ?

Paris se démarque nettement des autres grandes villes en enregistrant une hausse substantielle de son taux immobilier (+8,26 %), surpassant ainsi Rouen, ainsi que d’autres villes où les biens mis en vente ont connu une augmentation modérée, oscillant entre 0,01 % et 3 %. Cette situation n’étonne guère les sociétés comme ECH Area dans la Vienne ou Henri Buzy-Cazaux, président de l’Institut du management des services immobiliers, qui affirme que « les motivations pour ne pas vendre l’emportent sur le contraire ». Les biens énergivores subissent une décote de 10 % en raison de leur baisse de valeur l’année dernière. Par ailleurs, il convient de prendre en considération la pression locative signalée par nos collègues, avec des augmentations de 158 % à Paris, 152 % à Nice et 109 % à Strasbourg. Cette situation a pour première conséquence une forte augmentation des loyers. Dans ce contexte, l’accès à la propriété devient de plus en plus difficile chaque mois, ajoute Henri Buzy-Cazaux.

De plus, il est crucial de tenir compte des échéances concernant les biens classés de G à E, dont l’interdiction est prévue d’ici à 2034, soit dans neuf ans seulement. Les propriétaires semblent donc ne pas être pressés de vendre. Cependant, Henri Buzy-Cazaux soulève un autre risque : celui de se retrouver en infraction avec la loi. En effet, en raison de contraintes financières, de nombreux propriétaires ne réalisent pas les travaux requis. Actuellement, seule la locataire a le pouvoir de signaler ces manquements. Néanmoins, compte tenu des difficultés à trouver un logement, intenter une action en justice contre un propriétaire n’est pas une démarche évidente, ajoute-t-il.

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