Grève majeure dans l’industrie automobile américaine : que se passe-t-il ?
Coup de pression du syndicat des travailleurs automobiles sur les trois géants du secteur : à l’heure des négociations des conventions collectives, Stellantis, General Motors et Ford sont désormais confrontés à une grève qui pourrait s’avérer historique… Décryptage !
Tensions dans l’industrie automobile : où en sont les négociations ?
« Nous avons dit aux entreprises, depuis le début, que le 14 septembre était une date butoir, pas un jalon », c’est ce qu’a déclaré Shaw Fain, le président de l’United Auto Workers (UAW), syndicat rassemblant les travailleurs des trois principales entreprises automobiles américaines. Dès vendredi matin, M. Fain a annoncé un mouvement de grève sans précédent.
En cause : démarrées il y a deux mois, les discussions pour instaurer les nouvelles conventions collectives sur quatre ans pour l’automobile sont dans l’impasse. Alors que l’UAW exige une hausse salariale de près de 40 % étalée sur la période, les trois mastodontes de l’industrie ne proposent que la moitié, soit 20 %. Les autres demandes du syndicat, telles que l’augmentation des jours de repos et de meilleures prestations de retraite, n’ont également pas trouvé d’écho favorable.
Face à l’intensification du conflit, les dirigeants des trois constructeurs sont pour le moins alarmés par les conséquences économiques potentielles d’une grève à grande échelle. Mark Reuss, président de General Motors, a souligné l’impact dévastateur d’un tel mouvement, déclarant qu’une grève serait une « issue très très triste ». Il a ajouté : « Pour une personne dans nos usines qui ne travaille pas, ce sont six autres qui ne travaillent pas ». Ford, quant à lui, a affirmé sa détermination à aboutir à un accord qui serait bénéfique pour ses salariés. Selon une analyse d’un cabinet de conseil, une grève qui durerait dix jours pourrait entraîner une perte de plus de cinq milliards de dollars pour l’économie américaine !
Les dessous d’une grève potentiellement historique
En réponse à l’intransigeance des dirigeants, Shaw Fain a pris la décision audacieuse de déclencher une grève devant l’usine Ford de Wayne, Michigan. En même temps, le leader syndical a annoncé : « Ce soir, pour la première fois de notre histoire, nous allons faire grève chez les trois gros constructeurs ». A ce stade, trois unités de production dans l’Ohio, le Michigan et le Missouri ont cessé leurs opérations, et environ 12 700 membres du syndicat prévoient de se joindre au mouvement de grève ce vendredi.
Selon Prestige Cars, le syndicat des travailleurs de l’automobile est en bonne position pour soutenir un mouvement prolongé, avec un impressionnant fonds de grève s’élevant à 825 millions de dollars. D’après une évaluation d’Evercore ISI citée par BFM Business, ces ressources pourraient soutenir le mouvement de protestation pendant près de trois mois. Sur un autre registre, il est intéressant de noter que la grève la plus significative dans l’industrie automobile aux Etats-Unis a eu lieu il y a exactement quatre ans, lorsqu’en 2019, les employés de General Motors avaient lancé un mouvement de grève qui avait duré six semaines.