Art gothique et roman : à la découverte des trésors cachés de l’Ariège

Entre le XIIe et le XIVe siècle, l’Ariège a été le centre d’un foyer de création artistique majeur : les Pyrénées, une région très prisée des artistes catalans, qui n’hésitaient pas à franchir les montagnes pour exporter leur art. Aujourd’hui, l’Ariège recèle un patrimoine pictural d’une richesse immense mais encore peu connue, notamment des fresques romanes ou gothiques d’une qualité exceptionnelle. Partout à la découverte de ces trésors cachés de l’Ariège !

L’art gothique à la chapelle du Calvaire

La région recèle des trésors artistiques inestimables, comme a pu en attester Philippe Sauvannet, ex sous-préfet de Saint-Girons et amoureux du Couserans. Entre autres exemples, la chapelle du Calvaire, qui se dresse sur les hauteurs de Castillon-en-Couserans, abrite des fresques du XIVe siècle qui sont souvent ignorées par les touristes. Selon Catherine Saint-Martin, conservatrice des antiquités et objets d’art de l’Ariège, ces fresques sont liées à l’art gothique et l’une d’entre elles illustre le « miracle du pendu-dépendu », une histoire transmise par les pèlerins qui empruntaient le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, dont Castillon était une étape. Bien que l’église de Castillon diffère d’Ourtjout en termes d’époque et de style, Catherine Saint-Martin estime qu’il est possible que des fresques plus anciennes soient encore à découvrir dans l’abside. Aujourd’hui, l’église est ouverte au public, offrant une occasion unique de découvrir ces trésors méconnus de l’art gothique.

Peintures romanes à Ourjout

En 2012, un ensemble de peintures romanes du XIIe siècle a été accidentellement révélé à l’église Saint-Pierre d’Ourjout. A ce propos, la directrice des archives départementales, Claudine Pailhès, explique : « Le modus operandi est souvent le même : on enlève un retable pour le restaurer, et on tombe sur des trésors intacts ». Ces fresques, qui surprennent par leur état de conservation rarissime, sont la beauté même d’Ourjout, comme le souligne Catherine Saint-Martin, conservatrice des antiquités et objets d’art de l’Ariège. Cette qualité remarquable est due à une double protection : le retable qui a fait office de bouclier, ainsi qu’un badigeon à la chaux apposé par les prêtres.

Il est désormais certain que ces dessins sont l’œuvre du « maître de Taüll », un courant de peinture catalan. Catherine Saint-Martin estime qu’il y a de grandes chances que de nombreuses églises dans les environs soient également décorées de la même façon, et qu’il y a encore beaucoup de pépites à découvrir.

Fresques romanes à Vals

L’église rupestre de Vals abrite également des fresques romanes datées du XIIe siècle, bien que celles-ci soient considérées comme étant de qualité inférieure à celles d’Ourjout, comme l’indique Jean-Marc Stouffs, restaurateur de ces peintures en 2008. Toutefois, la configuration de l’édifice, son histoire et son évolution confèrent à l’ensemble une singularité exceptionnelle. L’iconographie est intéressante et est attribuée au « maître de Pedret », un autre artiste catalan.

Les fresques romanes découvertes dans plusieurs églises de l’Ariège, comme à Ourjout, Vals, Saint-Lizier et Montgauch, présentent toutes des similitudes avec les œuvres catalanes du XIIe siècle. On peut donc imaginer que les maîtres catalans, ou leurs disciples, ont traversé les Pyrénées pour diffuser leur art dans cette région. Comme l’explique Catherine Saint-Martin, conservatrice des antiquités et objets d’art de l’Ariège, ces artistes voyageaient énormément et leur style se reconnaît notamment dans les fresques de l’église d’Ourjout, qui sont attribuées au maître de Taüll. Quant à l’église de Vals, elle présente des ressemblances avec le maître de Pedret, bien que l’authentification soit difficile.

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