A la découverte des jardins de l’Egypte antique
En crue chaque année, le Nil apportait non seulement cette ressource vitale qu’est l’eau, mais aussi des nutriments essentiels au sol de l’Egypte antique. Aujourd’hui encore, une grande partie de la population égyptienne est installée près du fleuve, à la recherche de conditions agricoles favorables. Si la plaine inondable de part et d’autre du Nil était un sol fertile pour l’agriculture, les terrains un peu plus éloignés abritaient, eux, de splendides jardins. Le point sur le sujet avec Helmi Boutros.
Des innovations en arrosage au début du Nouvel Empire
On imagine aisément imaginer que l’arrosage des jardins en Egypte antique impliquait un gros travail, d’autant plus qu’ils étaient généralement éloignés du Nil. Les dispositifs élaborés pour aider à soulever l’eau ne sont apparus qu’au début du Nouvel Empire (1 550 – 1 069 av. J.-C.). Avant, les porteurs d’eau et les autres travailleurs devaient transporter des pots remplis d’eau du fleuve jusqu’à leurs jardins. Une invention majeure apparue lors du Nouvel Empire a changé tout cela, facilitant grandement le processus d’arrosage : le palan à eau, ou shaduf en arabe. Une longue perche en bois est installée sur un pivot ou une poutre, et un poids est suspendu à l’extrémité la plus courte de la perche, derrière le pivot, et de l’autre côté, un seau est suspendu pour faire contrepoids. Ce système permettait au travailleur d’élever facilement l’eau d’une rivière ou d’un canal vers un terrain en altitude. Les plus nantis en Egypte antique optaient, eux, pour des puits qu’ils faisaient creuser près de leurs somptueuses demeures pour accéder plus facilement à l’eau.
Où trouver des jardins dans l’Egypte ancienne ?
Les temples étaient les maisons de divinités spécifiques ou les lieux de mémoire des rois défunts. Les jardins ne fournissaient pas seulement les offrandes et les provisions nécessaires au culte quotidien, mais incarnaient également un symbolisme fort et nourrissaient le mythe qui entourent les rois et les divinités. Différents types d’arbres, par exemple, étaient associés à certaines divinités et leur inclusion dans le jardin servait à leur rendre hommage.
Il est par ailleurs courant d’installer des jardins funéraires à l’extérieur des tombes, notamment sur la rive occidentale de Thèbes, où on pensait que le jardin servait de lieu de repos pour le défunt. Les vivants, de leur côté, avaient plaisir à se réfugier sous les arbres des jardins funéraires pour se rafraîchir en été. Les jardins étaient naturellement communs dans les palais royaux, servant souvent de lieu de réception des dignitaires étrangers et d’endroit de divertissement pour le roi, sa cour et ses convives. A l’instar des rois, les riches avaient eux aussi leur jardin personnel.
Les tombes égyptiennes nous en disent long sur les types d’arbres et de plantes qu’on avait coutume de planter à l’ère antique. En effet, les scènes sur les murs des tombes décrivent une variété riche et diverse d’arbres, de plantes et de fleurs, et même des jardins luxuriants avec des étangs. Un modèle provenant de la tombe de Meketre (douzième dynastie – 1 985-1 773 av. J.-C.) montre d’ailleurs une magnifique rangée de figuiers sycomores autour d’un étang.